Ebola: Les nouveaux traitements s’ajoutent aux piliers traditionnels de la réponse

Ebola: Les nouveaux traitements s’ajoutent aux piliers traditionnels de la réponse

Le 1er août 2018, une épidémie d’Ebola s’est déclarée dans le Nord-Kivu, dans le nord-est de la République démocratique du Congo : c’est la dixième épidémie d’Ebola dans le pays, et la deuxième cette année. MSF a rapidement mis en place son intervention dans le cadre du plan de réponse du ministère de la Santé congolais. Toutefois, l’épidémie n’est pas encore sous contrôle, et de nouveaux cas sont apparus à plus de cents kilomètres de l’épicentre. Bien que le conflit en cours dans la région rende l’intervention sur place encore plus difficile, la réponse à l’épidémie a été immédiate et des nouveautés dans l’approche médicale peuvent contribuer à rendre notre action plus efficace.

Le premier cas de l’épidémie a été enregistré à Magina, petite ville au nord-ouest de Beni. Le virus s’est ensuite propagé dans d’autres parties du Nord-Kivu et a franchi la frontière au nord avec la province de l’Ituri. À ce jour, 181 cas ont été signalés, dont 146 cas confirmés par des tests en laboratoire. 80 personnes sont décédées des suites de la maladie, et 50 se sont rétablies.

« Le nombre de cas confirmés d’Ebola n’explose pas, mais la situation demeure inquiétante. Il y a des patients confirmés dans des villes importantes telles que Beni et Butembo, mais également à des endroits plus éloignés de l’épicentre, près de la frontière ougandaise. Cela rend difficile de maîtriser efficacement l’épidémie. Comme pour toutes les épidémies d’Ebola, il est difficile de prédire comment elle va évoluer, mais nous nous tenons prêts à réagir et à soutenir le ministère de la Santé dès que de nouveaux cas apparaissent », explique Laurence Sailly, coordinatrice d’urgence de MSF.

MSF travaille en étroite collaboration avec le ministère de la Santé au sein des centres de traitement d’Ebola de Mangina et de Butembo (Nord-Kivu) et à Tchomia (Ituri, à proximité de la frontière ougandaise) ; ce dernier a été construit très rapidement une fois qu’un nouveau cas a été reporté dans cette zone et une équipe MSF a effectué une investigation sur place. MSF conduit également des activités de promotion de la santé ainsi qu’un programme de prévention et de contrôle des infections pour protéger les structures de santé entre les villes affectées. Certaines avancées dans le traitement peuvent contribuer à une réponse plus rapide et plus efficace face à l’épidémie. Par exemple, les échantillons sanguins de patients suspectés d’être atteints d’Ebola sont désormais examinés dans un laboratoire installé au sein même des centres de traitement d’Ebola. Cela permet aux équipes de réagir plus vite aux changements d’état des patients.

C’est également la première fois que cinq nouveaux médicaments sont utilisés pour soigner des patients atteints d’Ebola en RDC et la présence d’une capacité d’analyse en laboratoire sur place nous permet d’offrir ces nouveaux traitements aux patients confirmés dans les 24 heures après le test positif au virus. A Tchomia, où le centre de traitement n’existait pas quand le premier cas a été trouvé, le premier patient était sous traitement dans les 72 heures de l’alerte. Le taux de mortalité chez les patients atteints d’Ebola est très élevé, avec environ cinquante pour cent de décès : ces médicaments peuvent potentiellement améliorer leurs chances de survie. « C’est une bonne chose que nous ayons trouvé cinq molécules prometteuses, même si nous ne disposons d’aucune preuve scientifique que ces médicaments sont efficaces sur des personnes atteintes d’Ebola. Mais ça reste une avancée. Nous pouvons donner aux malades d’Ebola des médicaments qui potentiellement sauvent leurs vies, et au même temps on se prépare pour des tests cliniques qui, on espère, vont confirmer l’efficacité et la sécurité des traitements », déclare Hilde De Clerck, médecin MSF et spécialiste d’Ebola.

Étant donné que cette région de la RDC est très densément peuplée et qu’il y a beaucoup de mouvements de population et d’échanges commerciaux, il est très difficile d’identifier et de suivre toutes les chaînes de transmission actives. « L’une des clés pour maîtriser efficacement l’épidémie est de réagir très vite », explique Laurence Sailly, coordinatrice d’urgence de MSF. « Lorsqu’un cas d’Ebola est avéré, une petite équipe multidisciplinaire de réponse rapide (infirmier, épidémiologiste, logisticien, promoteur de la santé, médecin) est envoyée aussi rapidement que possible pour travailler dans cette nouvelle zone à risque et se préparer à une éventuelle intervention de grande ampleur. » MSF a envoyé des équipes de ce type à Luotu et à Tchomia immédiatement après qu’un cas confirmé d’Ebola a été détecté dans ces zones.

Des opérations de vaccination contre le virus Ebola (rVSVDG-ZEBOV) ont rapidement été instaurées après que l’épidémie s’est déclarée. L’OMS et le ministère de la Santé vaccinent les personnes ayant été en contact avec des patients atteints d’Ebola. En outre, MSF mène également des opérations de vaccination auprès des travailleurs de première ligne (personnel sanitaire, personnel impliqué dans les enterrements et personnalités religieuses), qui courent un plus grand risque d’être contaminés. Au total, 13 750 personnes ont été vaccinées jusqu’à présent.

Alors que des nouvelles approches sont mises à l’épreuve dans cette intervention, les piliers traditionnels de la réponse au virus Ebola restent essentiels. Même si les mouvements dans cette région instable sont parfois compliqués, investiguer les alertes et suivre les contacts continuent à jouer un rôle fondamental, particulièrement quand l’apparaître de nouveaux cas éparpillés sur le territoire ne permet pas de douter de la complexité du défi.

Photo copyright: Carl Theunis/MSF

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Etienne Lhermitte Media Officer, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
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