Italie : MSF apporte porte assistance aux survivants du naufrage de Crotone

Selon les témoignages recueillis, les passagers sont tombés à l'eau à environ 150 mètres du rivage, très probablement après avoir heurté des rochers sur la côte de la Calabre orientale alors que l’embarcation faisait face aux intempéries. Le corps d'une personne a été retrouvé à plusieurs dizaines de kilomètres, vraisemblablement en raison des forts courants.

Au moins 20 survivants, dont une personne nécessitant des soins intensifs, ont été hospitalisés dans un hôpital public local. 60 survivants, en majorité afghans, ont pu être logés dans le centre d'accueil pour demandeurs d'asile de Crotone.

« [Les survivants] sont traumatisés. Tout le monde a perdu quelqu'un », rapporte Mara Eliana Tunno, psychologue de MSF. « Un garçon afghan de 16 ans a perdu sa sœur. Il n'a pas eu le courage de le dire à ses parents. Il nous a raconté qu’en temps que femme, elle pensait ne plus avoir d’avenir dans leur pays d’origine, l’Afghanistan ».

Parmi les témoignages de survivants recueillis par les équipes de MSF, des mineurs qui ont perdu leurs parents et des membres de leur famille. Un garçon de 12 ans est seul rescapé de sa famille, tandis qu'un autre de 17 ans a été hospitalisé et a perdu ses parents. Un autre garçon a témoigné que son frère de 6 ans était mort d'hypothermie quatre heures après le naufrage.

La plupart des décès en mer sont recensés en Méditerranée centrale entre la Libye et l'Italie, où MSF navigue à bord du Geo Barents ces derniers mois. Les équipes de MSF ont également observé une augmentation du nombre de personnes qui tentent la traversée depuis la Turquie en direction du sud de l'Italie. Le 23 février, le Geo Barents a été injustement immobilisé et condamné à une amende par le gouvernement italien. Même si cette mesure vise MSF, ce sont les personnes fuyant en Méditerranée centrale qui en paieront le prix fort.

« Ce tragique naufrage nous rappelle que les politiques migratoires restrictives n’empêchent pas les gens de prendre la mer au péril de leur vie car ils n'ont souvent pas d'autre option », déclare Sergio Di Dato, chef de mission de MSF.  Les gouvernements italien et européen doivent cesser de criminaliser la migration et l'aide humanitaire. Ils doivent au contraire se concentrer sur la mise en place de canaux sûrs et légaux et l'amélioration des dispositifs d'assistance et de protection des personnes déplacées. »

***

Depuis des années, les équipes de MSF en Italie portent assistance aux réfugiés, demandeurs d'asile et migrants dans leurs lieux d’accueil. Du personnel médical, incluant des psychologues et des médiateurs interculturels formés pour offrir des premiers soins de santé mentale, se rend dans les ports, les hotspots et les centres d'accueil. Ces activités s'adressent principalement aux parents et proches des victimes d'un naufrage dans le but de les aider à surmonter les traumatismes subis. L'équipe offre également à tous les survivants un accès aux traitements médicaux, en fournissant des informations et en orientant les cas vulnérables vers l'autorité compétente.

En 2022, MSF a lancé un projet à Roccella Jonica, près de Crotone, pour fournir un soutien médical et psychologique aux points de débarquement. MSF est engagée dans des activités de recherche et de sauvetage depuis 2015, travaillant sur huit navires de recherche et de sauvetage différents (seul ou en partenariat avec d'autres ONG) et sauvant plus de 85 000 personnes. Depuis le lancement des opérations de recherche et de sauvetage à bord du Geo Barents en mai 2021, MSF a secouru 6 194 personnes (dont 3 742 en 2022), récupéré les corps de 11 personnes décédées en mer et aidé à l'accouchement d'un bébé à bord.