L’Aquarius forcé de mettre fin à sa mission

L’Aquarius forcé de mettre fin à sa mission

Genève - Alors que des réfugiés, des migrants et des demandeurs d’asile continuent de mourir dans la mer Méditerranée, Médecins Sans Frontières et son partenaire SOS MÉDITERRANÉE sont contraints de mettre fin aux opérations de recherche et de sauvetage de l’Aquarius.

« Ces derniers mois, les Suisses ont manifesté leur solidarité de diverses manières à l’égard de l’Aquarius et des activités de recherche et de sauvetage en mer Méditerranée. Pour nous, ce soutien est fondamental, surtout à un moment où nous sommes criminalisés parce que nous avons aidé des personnes dans le besoin », déclare Reveka Papadopoulou, Présidente de MSF.

« Cette semaine, le Conseil fédéral a déclaré qu'une "solution européenne viable" était nécessaire. », ajoute-t-elle. Nous saluons la volonté de la Suisse de travailler activement et rapidement à trouver une solution pour le sauvetage en mer, car d'ici là, des personnes continueront de se noyer en Méditerranée. ».

Au cours des deux derniers mois, alors que des personnes continuaient de fuir par la mer en empruntant la route migratoire la plus meurtrière au monde, l’Aquarius a été maintenu à quai, incapable de mener à bien sa mission humanitaire. Tel est le résultat d’une campagne continue de dénigrement, de calomnie, et d’obstruction menée par le gouvernement italien, lui-même soutenu par d’autres pays européens contre les activités de secours  des organisations humanitaires. S’ajoutant à des politiques migratoires européennes mal conçues, cette campagne a bafoué le droit international et les principes humanitaires. Sans solution immédiate pour répondre à ces attaques, MSF et SOS MÉDITERRANÉE n’ont d’autre choix que de mettre un terme aux activités de l’Aquarius.

« C’est un jour sombre, déplore Nelke Mander, Directrice générale de MSF. Non seulement l’Europe a renoncé à fournir des moyens de recherche et de secours, mais elle a aussi sciemment saboté les tentatives d’autres acteurs de sauver des vies. La fin de nos opérations à bord de l’Aquarius signifie davantage de morts en mer, des morts évitables et sans témoin. »

Les attaques menées ces 18 derniers mois par certains États européens à l’encontre des opérations humanitaires de recherche et de sauvetage sont comparables aux méthodes utilisées par certains des États les plus autoritaires. En dépit de notre collaboration continue avec les autorités, le pavillon de l’Aquarius a été retiré deux fois cette année, et nous faisons maintenant face à des allégations grotesques de trafic de déchets et d’activité criminelle. Les personnes en détresse sont abandonnées en mer pendant des semaines,  privées d’accès à des ports sûrs et de l'assistance d’autres navires.

L’arrêt forcé des opérations menées par l’Aquarius arrive à un moment critique. On estime que 2 133 personnes sont décédées en Méditerranée en 2018, et les départs depuis la Libye représentent la grande majorité des cas. Les gouvernements européens ont contribué à ces événements tragiques en soutenant les garde-côtes libyens pour intercepter les personnes en mer (plus de 14 000 cette année) et les ramener de force en Libye, ce qui constitue une violation du droit international. En 2015, l’Europe s’est engagée auprès du Conseil de sécurité des Nations unies à ce qu’aucune personne sauvée en mer ne soit obligée de retourner en Libye.

« Aujourd’hui, l’Europe soutient directement les retours forcés et revendique des « résultats » sur la question migratoire, indique Karline Kleijer, responsable des urgences chez MSF. Soyons clair sur ce que sous-entend ces résultats : un manque d’assistance en mer qui permettrait de sauver des vies ; des enfants, des femmes et des hommes renvoyés à une détention arbitraire sans aucune chance d’en réchapper ; et la création d’un environnement qui décourage tous les bateaux de répondre à leurs obligations de porter secours aux personnes en détresse. »

Depuis le début de ces opérations de recherche et de sauvetage en février 2016, l’Aquarius a porté assistance à près de 30 000 personnes dans les eaux internationales entre la Libye, l’Italie et Malte. La dernière mission de recherche et de sauvetage de l’Aquarius s’est terminée le 4 octobre 2018, après son arrivée dans le port de Marseille avec 58 rescapés à bord. Sur l’ensemble de ses opérations de recherche et de sauvetage depuis 2015, y compris avec ses précédents bateaux - Bourbon Argos, Dignity, Prudence et Phoenix -, MSF a secouru ou porté assistance à plus de 80 000 personnes en mer Méditerranée. Malgré les efforts récents des organisations non gouvernementales en mer, il n y a plus aucun bateau dédié au secours en mer Méditerranée.

« Nous refusons de rester à quai alors que des personnes continuent de mourir en mer, déclare Karline Kleijer. Aussi longtemps que des gens souffriront en Libye, seront en détresse en mer, MSF cherchera des moyens de leur porter secours avec une aide médicale et humanitaire. »

Contactez-nous
Emma Amadò MSFCH Media Events Team Manager, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
Emma Amadò MSFCH Media Events Team Manager, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
A propos de Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)

Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation médicale indépendante et neutre. Ses missions visent à porter secours aux populations dans le besoin, victimes de catastrophes naturelles comme de conflits armés – indépendamment de leur appartenance ethnique, religieuse ou de leur engagement politique.

En 1999, MSF se voit attribuer le prix Nobel de la Paix.