Libye : Rapport de l'équipe de MSF à Darna - Audio

Une équipe d'urgence composée de logisticiens et de personnel médical de MSF est à Derna depuis hier. La situation est chaotique. De nombreux volontaires de toute la Libye et de l'étranger sont sur place. La coordination de l'aide est urgente. Le ministère de la Santé et un comité d'urgence tentent d’organiser et coordonner la réponse. Vous trouverez ci-dessous un témoignage (+ audio en FR) de Manoelle Carton, coordinatrice médicale de MSF à Derna.

"On est arrivés, une petite équipe de MSF pour faire un assessment de Derna, il y a deux jours maintenant. Une équipe mixte médicale et logistique. On est arrivés à Derna-même hier matin, c’est difficile à décrire, on a clairement passé la phase la plus aiguë de l’urgence, en tout cas de cette partie-ci de l’urgence. Nous, quand on est arrivés il n’y a plus de corps dans les rues, plus d’urgence médicale qui se rende dans les structures. C’est un peu l’après-choc on va dire. La majorité des corps ont été enterrés, ils ne sont plus là, autant dans des cimetières que dans des fosses communes, ce qui parfois pose des soucis avec la population par contre, parce qu’il y en a beaucoup où il n’y a pas eu d’identification, surtout quand ce sont des corps qui sont ramenés en grand nombre depuis la mer, et du coup les gens qui les trouvent les enterrent directement. Voilà. Sinon la ville pour le moment, aujourd’hui déjà, maintenant on est à jour 5, on est vendredi c’était dimanche nuit, la situation est déjà un peu plus organisée, jour by jour, step by step. Hier c’était encore un très très grand chaos, il y a des volontaires qui viennent de tous les coins de la Libye, donc il y a des files de voitures pour entrer dans la ville, tout le monde est à l’arrêt. Il y a des donations qui viennent de partout en Libye et de tous les Etats, de tous sans doute pas mais de beaucoup d’Etats. C’est encore une situation fort chaotique qui manque de coordination mais ça se met en place petit à petit.

Là aujourd’hui nous on sort d’une réunion avec le Ministre de la Santé qui essaye petit à petit de bien répartir les différents acteurs qui veulent intervenir, voir où sont les besoins les plus précis et qui peut intervenir où. Il y a énormément de support qui arrive en termes de staff médical parce qu’il y en a énormément qui sont morts, donc autant il y a beaucoup de staff volontaire qui est venu de Tripoli et après il y a des médecins internationaux qui arrivent et ils les répartissent dans les différents hôpitaux nous le ministre nous a demandé de faire un assessment dans les centres de santé, des centres de premier niveau parce qu’ils ont pas encore eu le temps donc là on a commencé on en a déjà visité trois dans la partie ouest de la ville parce qu’il faut savoir que la ville a été séparée en deux par l’eau entre ce qu’ils appellent maintenant la partie est et la partie ouest, avec la partie ouest qui est la plus damaged, celle où il y a eu les plus gros dégâts, celle où on se trouve actuellement on n’a pas encore été de l’autre côté. Là on a visité les trois centres de santé de ce côté-ci. Dans les trois, un qui est fermé parce que tout le staff médical est décédé. Les deux autres qui fonctionnent avec du staff volontaire venu de Tripoli mais clairement ils ont besoin de support ça c’est sûr.

Les besoins les plus criants aujourd’hui de ce que nous on peut voir, c’est santé mentale pour tout le monde, la population, les travailleurs, les médecins, si ce n’est pas qu’ils ont visionné les événements eux-mêmes, et que donc ils ont des traumas qui s’inscrivent, c’est qu’ils ont perdu, on vient d’en rencontrer un qui a perdu 9 personnes de sa famille. Ils ont perdu les cousins, ils ont perdu les collègues, c’est d’une ampleur assez incroyable. Après aujourd’hui la ville est là, elle recommence à fonctionner petit à petit jour après jour, alors quand je dis ‘fonctionner’ ça veut dire qu’un vendeur de pain vient de rouvrir, sinon la ville est à l’arrêt. Voilà on est encore dans notre phase d’assessment on va passer de l’autre côté à l’est maintenant pour aller visiter les centres de santé par là et pour le moment le support que MSF se voit apporter dans le plus immédiat temps possible c’est un support en santé mentale, il faudrait absolument faire une sorte d’assessment au niveau hygiène et sanitation pour voir avec toute l'eau qui s'est accumulée, les corps qui ont été là pendant un certain temps et qui sont encore dans la mer, tout ce qui pourrait être lié après à des infections, à des maladies liées à l'eau, d'essayer de faire un assessment pour cartographier tout ça et ça on le fait aussi en accord avec le ministère de la santé. Donc voilà pour le moment on se dirige vers ça parce que par contre au niveau des gros hôpitaux, des structures de second niveau dans la ville, le support est beaucoup plus grand pour le moment donc c’est pas là que sont les besoins les plus criants."

 

En raison de la situation, nos collègues sur le terrain ne sont pas disponibles pour donner des interviews. Merci de votre compréhension.

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Lukas Nef Medienverantwortlicher, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
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