MSF : Seuls les antivenins peuvent soigner les morsures de serpents.

MSF : Seuls les antivenins peuvent soigner les morsures de serpents.

A Agok, au Soudan du Sud, MSF soigne en moyenne chaque année 300 victimes de morsures de serpents, la plupart pendant la saison des pluies qui est la période où les morsures sont plus fréquentes. Pour éviter les pluies, les serpents entrent souvent dans les maisons où environ la moitié des victimes sont mordues. Les enfants qui jouent dehors et les personnes qui travaillent dans les champs sont également exposées. Mais où qu'ils soient mordus, tous font face au même problème : l’accès à un traitement.

Un problème majeur et peu de remèdes

La majorité des victimes de morsures de serpents vivent dans des régions isolées et doivent parcourir de longues distances pour pouvoir se soigner. Pendant la saison des pluies, les routes peuvent devenir impraticables et les gens doivent, pour certains, voyager pendant plusieurs jours pour se rendre à l'hôpital. Ce manque d’accès est un problème ancien. Dans le monde, environ 5 millions de personnes sont victimes de morsures de serpent et près de 100 000 personnes en meurent chaque année, dont 30 000 en Afrique.

Des traitements plus complexes mais plus ciblés

L’empoisonnement - l'état médical résultant d'une morsure de serpents - doit être traité avec un antivenin dans la plupart des cas. Mais celui-ci coûte cher et n'est pas disponible dans de nombreuses structures de santé. Il peut coûter plusieurs centaines de dollars US par patient, ce qui représente plus d'un an de salaire pour beaucoup, en particulier dans les zones rurales, où vivent la plupart des victimes. Les morsures de serpents sont une maladie des pauvres, et les entreprises pharmaceutiques ne développent pas de médicaments pour les pauvres et car peu lucratifs.  Auparavant, MSF utilisait un produit appelé FAV-Afrique, un antivenin tout-en-un utilisé pour traiter les morsures de dix espèces différentes de serpents en Afrique subsaharienne. Mais le fabricant a décidé d'arrêter la production et le dernier lot a expiré en juin 2016. Comme il n'y avait pas d'équivalent disponible, MSF a dû trouver des alternatives adaptées.  Deux ans plus tard, les équipes médicales de MSF utilisent deux nouveaux antivenins au Soudan du Sud : EchitabPlus et SAIMR-Polyvalent. Le traitement est désormais plus complexe et l'antivenin est administré en fonction des symptômes du patient.

Bien que cela soit une bonne nouvelle pour les patients de MSF au Soudan du Sud, il ne s’agit pas d’une solution pour toutes les victimes de morsures de serpents, car choisir entre deux antivenins en fonction des symptômes observés n’est pas évident pour les non-spécialistes. Il en résulte un cercle vicieux au sein duquel les pays n'achètent pas d'antivenins pour leurs hôpitaux parce qu'ils sont trop chers et les compagnies pharmaceutiques ne les fabriquent pas parce que trop peu d'acheteurs les acquièrent. Par conséquent, ils restent largement hors de portée des personnes qui en ont besoin.

Eviter les « syndromes du compartiment »

Même avec un antivenin, traiter des morsures de serpent est beaucoup plus difficile lorsque les victimes arrivent à l'hôpital tardivement. Ces délais peuvent causer d'autres dommages, y compris le " syndrome du compartiment ", lorsque le venin augmente la pression à l'intérieur d'un compartiment musculaire, au point que le sang ne peut plus fournir l’oxygène et les nutriments aux muscles et aux nerfs. Si ce gonflement n'est pas traité, les muscles et les nerfs s'affaiblissent et peuvent finir par mourir. Une fois que le syndrome du compartiment aigu est apparu, la chirurgie est la seule option. Dans les cas les plus graves, les dommages peuvent être si importants que les patients perdent l'usage de leurs membres ou doivent être amputés. On estime à 400 000 le nombre de personnes mutilées ou handicapées chaque année dans le monde à la suite de morsures de serpents.

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Crédits photo: Fanny Hostettler

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Etienne Lhermitte Media Officer, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
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Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation médicale indépendante et neutre. Ses missions visent à porter secours aux populations dans le besoin, victimes de catastrophes naturelles comme de conflits armés – indépendamment de leur appartenance ethnique, religieuse ou de leur engagement politique.

En 1999, MSF se voit attribuer le prix Nobel de la Paix.