MSF: Au nord-ouest de la Syrie, des déplacés au bord du désespoir
Vendredi 17 janvier 2020 — L’offensive militaire du gouvernement syrien et de ses alliés sur le sud de la province d'Idlib entraine un exode massif de civils fuyant les bombardements aériens, les tirs d’artillerie et les attaques au sol. Le nord de la province d'Idlib, près de la frontière turque, abrite déjà environ 1,5 million de personnes vulnérables.
« Malgré les températures hivernales, les gens nous disent qu'ils redoutent le soleil, explique l'un des responsables logistiques de MSF. Ils le considèrent comme un mauvais signe. Ils disent que les avions bombardent lorsque le ciel est dégagé, ils préfèrent donc les jours froids, nuageux et pluvieux. Les prévisions météorologiques pour les prochains jours annoncent du soleil »
Des hôpitaux pris pour cibles
Plusieurs hôpitaux ont été bombardés et ont du cesser leurs activités. Parmi eux, l'hôpital Maarat al Numan, plus grand hôpital dans le sud de la province d'Idlib. D'autres hôpitaux ont du être évacués en raison de leur proximité avec les combats. Les structures situées plus au nord commencent à saturer et MSF a mis à disposition du matériel médical à certains d’entre eux pour faire face à cette situation. Les équipes mobiles ont également distribué des couvertures et des blocs de combustible fabriqués localement, Enfin, une équipe d'ingénieurs s’est mobilisée afin de creuser des latrines dans les zones où se concentrent les familles récemment arrivées, et les quantités d'eau potable fournies ont été augmentées.
Le camp de Deir Hassan, dans le district d’Ad Dana, comprend plusieurs sites où plus de 11 000 personnes sont arrivées au cours des trois dernières semaines. Ces nouveaux déplacés n'ont reçu qu'un petit kit de nourriture d'urgence, mais pas d'abri, ni de moyen de chauffage. Une mère de quatre enfants a expliqué que sa famille et une autre famille de six personnes ont réuni tout leur argent pour acheter une tente car ils ne pouvaient pas laisser leurs enfants dehors par un froid pareil. La situation globalement est très précaire.
1 million de déplacés
Plus à l'ouest, dans le district de Harem, une zone montagneuse du nord de la province d'Idlib, une équipe MSF a fourni une assistance à 52 familles arrivées le 7 janvier. « Plus d'un million de personnes déplacées sont dans la région. Le manque d'abris et la dépendance à l'assistance humanitaire sont de vrais enjeux, explique Cristian Reynders, coordinateur du projet MSF dans le nord d’Idlib. A celà s'ajoute l'inflation des prix des produits alimentaires qui est telle que les gens sont contraints de s'endetter et deviennent au fil du temps totalement tributaires de l'aide ».
Dans le nord de la province d'Idlib, quatre équipes mobiles de MSF proposent des consultations médicales dans plus de 15 camps et campements informels. Environ 4500 consultations sont réalisées chaque mois, la moitié des patients étant des enfants de moins de 15 ans. Les infections respiratoires sont la pathologie la plus courante tandis que certains partients arrivés depuis peu souffrent de troubles psychologiques. Les patients avec des blessures de guerre infectées ou ceux atteints de maladies chroniques et dépourvus de médicaments sont référés dans les hopitaux situés en périphérie.
La frontière turque est fermée aux Syriens, à l'exception de certaines urgences médicales. L'offensive menée par le gouvernement syrien a également déplacé les lignes de front vers le nord en direction de deux grandes autoroutes de la province d’Idlib. Les déplacés se retrouvent ainsi davantage enclavés dans un espace déjà réduit par la précédente offensive menée par l’armée syrienne et ses alliés avait provoqué des déplacements massifs de populations. Malgré les efforts déployés par les acteurs de l'aide humanitaire dans la province, besoin d'une aide d'urgence reste toujours aussi élevé à Idlib.
