MSF engagée dans la lutte contre le choléra au Tchad
Depuis juillet 2025, une épidémie de choléra frappe l’est du Tchad et révèle les défis liés à un système fragile d'approvisionnement en eau et d'assainissement. En date du 26 septembre, plus de 2 475 cas et 141 décès ont été recensés (source : Ministère de la Santé). Dans les camps de réfugiés soudanais surpeuplés et au sein des communautés hôtes démunies, le contexte est propice à la propagation de cette maladie.
Afin de prévenir les cas et de contrôler l’épidémie, Médecins Sans Frontière (MSF) a mis en œuvre des activités préventives et curatives dans l’est du Tchad, en collaboration avec le ministère de la Santé publique et d’autres organisations non gouvernementales.
De plus, afin de freiner la propagation de la maladie, les équipes MSF se sont mobilisées aux côtes du ministère de la Santé publique (MSP) pour mettre en œuvre ou renforcer les structures médicales, avec des centres de traitement spécialisés, ainsi que former des relais communautaires pour sensibiliser les communautés au sein des camps, des marchés, des villages environnants et à la frontière.
En parallèle de la prise en charge, la vaccination est cruciale pour prévenir et contrôler l’épidémie. C’est pourquoi le ministère de la Santé publique a lancé une campagne de vaccination à la fin août. Ciblant plus d’un million de personnes dans les camps et la communauté, celle-ci s’est déroulée dans sept districts sanitaires : Adré, Ameylouna, Chokoyane, Farchana et Hadjer-Hadid, Abdi et Goz Beida. MSF a soutenu le ministère de la Santé publique dans la vaccination et la gestion de la chaîne de froid dans les camps et la communauté d’Adré, de Metché, Goz Beida et d’Aboutenge. MSF a soutenu le ministère de la Santé publique pour vacciner plus de 630 000 personnes dans les camps de réfugiés et communautés hôtes.
La vaccination continue également sur les différents différentes zones, notamment à la frontière soudanaise pour éviter la propagation de la maladie, qui peut être favorisée par les déplacements, en particulier après la saison des pluies.
Afin d’améliorer les conditions d’hygiène, MSF a aussi organisé des distributions de plus de 550 000 savons, à près de 200 000 personnes à Adré. Dans le camp d’Iridimi, dans le Wadi Fira, où une extension du camp accueille les nouveaux arrivants soudanais, MSF s'attelle à améliorer durablement l’accès à l’eau. À Hadjer Hadid, district particulièrement touché avec 704 cas et 51 décès, MSF a réhabilité le réseau d’eau de la ville permettant l’accès de 75 000 litres d’eau aux habitants qui n’avaient, jusque-là, pas accès à l’eau.
Crise à l’est : un environnement favorable à la propagation
Bien que la situation soit stable à Adré, l’est du Tchad est particulièrement à risque de voir l’épidémie en cours gagner encore en ampleur dans une région où la maladie est déjà endémique. Depuis avril 2023, plus de 877 000 réfugiés soudanais4 ont traversé la frontière avec le Tchad pour fuir la guerre civile, la majorité trouvant refuge dans la province du Ouaddaï. Ces mouvements de population et les conditions de vie précaires à l’intérieur et à l’extérieur des camps favorisent la propagation des épidémies.
L’accès à l’eau est extrêmement limité et globalement bien en dessous du seuil de 15 litres d’eau par personne et par jour recommandé en situation d’urgence. Les infrastructures d’assainissement sont également insuffisantes. « Actuellement, à Adré, il y a une latrine pour 160 personnes, alors que le standard en situation d’urgence est d’une latrine pour 50 personnes », explique Jude Progo, responsable eau et assainissement MSF. Ce manque de latrines pousse les gens à faire leurs besoins à l’air libre, aggravant les risques de transmission, particulièrement pendant la saison des pluies.
L’épidémie, jusque-là concentrée dans la province du Ouaddaï, s’étend désormais au Guéra et Sila où MSF a envoyé une nouvelle équipe d’intervention. Si les mesures préventives sont essentielles face à cette propagation, elles doivent aussi aller de pair avec l’accès à l’eau potable et à des infrastructures d’assainissement adéquates. Un engagement fort et coordonné des acteurs nationaux et internationaux à travers le financement des activités d’eau et d’assainissement est crucial pour y parvenir.
MSF intervient dans la lutte contre le choléra à Adré, Aboutenge, Metché, Iridimi, Tulum, Tiné et Allacha, Hadjer Hadid, Goz Beida, Koukou Anganara et Abdi en organisant la vaccination, la gestion de la chaîne de froid, la recherche active de cas, la surveillance épidémiologique, la promotion de la santé, la distribution de savons, l’approvisionnement en eau et l’assainissement et la mise en place de plusieurs unité et centres de traitement de choléra.