MSF s’adresse au Conseil de sécurité de l’ONU à propos du Soudan : une catastrophe, une "guerre contre la population"

Christopher Lockyear, secrétaire général de Médecins Sans Frontières (MSF), est intervenu aujourd’hui au Conseil de sécurité des Nations unies, à New-York, afin d’alerter sur la catastrophe humanitaire causée par la guerre au Soudan, appelant à la fin des violences contre les civils et à un nouvel engagement en faveur de l’acheminement de l’aide humanitaire.

Ce conflit est avant tout une « guerre contre les populations civiles », a déclaré M. Lockyear. Les forces armées soudanaises ont bombardé à plusieurs reprises et sans discrimination des zones densément peuplées. Les forces de soutien rapide et leurs alliés ont mené des campagnes de brutalité, marquées par des violences sexuelles systématiques, des enlèvements, des massacres, le pillage de l'aide humanitaire et l'occupation d'installations médicales. Les deux parties ont assiégé des villes, détruit des infrastructures civiles vitales et entravé ou bloqué l'aide humanitaire.

MSF fournit des soins médicaux dans 11 Etats du Soudan, dans des régions contrôlées par l’une et l’autre des parties au conflitt, conformément à nos principes humanitaires. Les équipes de MSF ont alerté sur des niveaux de malnutrition catastrophiques dans de nombreuses régions, tandis que les maladies infectieuses et évitables par la vaccination se propagent. Avec l’imminente arrivée de la saison des pluies, il est absolument urgent de garantir que les populations touchées par la guerre reçoivent de la nourriture et des fournitures médicales.

Le message de MSF au Conseil de Sécurité est clair : cette guerre ne peut se poursuivre dans le mépris total de la vie des civils. Après près de deux ans, la réponse internationale a été bien trop faible en raison des entraves imposées par les parties belligérantes et d’un manque de responsabilité, de ressources et de leadership au sein de la communauté internationale.

« Alors même que des déclarations sont faites dans cette enceinte, les civils restent invisibles, sans protection, bombardés, assiégés, violés, déplacés, privés de nourriture, de soins médicaux et de dignité », a déclaré Lockyear. « La réponse humanitaire est tenue en échec, paralysée par la bureaucratie, l’insécurité, l’hésitation et ce qui menace de devenir le plus grand désengagement dans l’histoire de l’aide humanitaire. »

Lockyear a appelé à un nouvel engagement pour protéger les civils et répondre aux besoins humanitaires.

« La crise au Soudan exige un changement fondamental, une rupture avec les approches défaillantes du passé », a-t-il affirmé. « Des millions de vies en dépendent. »