MSF: Un rapport montre que les nouveaux tests et médicaments contre la maladie infectieuse la plus mortelle au monde, la tuberculose, restent inaccessibles

MSF: Un rapport montre que les nouveaux tests et médicaments contre la maladie infectieuse la plus mortelle au monde, la tuberculose, restent inaccessibles

MSF appelle les gouvernements et les donateurs à renforcer et à accélérer le dépistage et le traitement de la tuberculose

Genève — Alors que la pandémie Covid-19 menace de faire dérailler la lutte mondiale contre la tuberculose (TB), Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les gouvernements à accélérer le dépistage, le traitement et la prévention de la TB, et demande aux donateurs de fournir le soutien financier nécessaire pour assurer un accès accru aux nouveaux outils médicaux permettant de diagnostiquer et de traiter des millions de personnes atteintes de cette maladie mortelle. Un rapport publié aujourd'hui par MSF et Stop TB Partnership (un organisme qui rassemble les acteurs de la lutte contre la tuberculose), intitulé Step Up for TB, est le résultat d’une étude menée dans 37 pays où la tuberculose est très répandue. Elle montre que les innovations médicales essentielles touchent beaucoup moins de personnes qui nécessiteraient urgemment den bénéficier, car de nombreux pays continuent à prendre du retard dans la mise en conformité de leurs politiques nationales avec les nouvelles directives de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Au lieu de progresser dans la lutte contre la tuberculose, nous risquons de reculer à cause du Covid-19, déclare Sharonann Lynch, référente en matière de politique de lutte contre la tuberculose pour la campagne d'accès aux médicaments essentiels de MSF. Nous ne soulignerons jamais assez combien il est urgent que les gouvernements et les financeurs intensifient leurs efforts pour que les innovations et les outils médicaux essentiels atteignent les personnes atteintes de tuberculose. Nous disposons enfin de meilleurs médicaments et tests pour combattre et prévenir cette maladie extrêmement infectieuse mais curable. Il est donc à la fois stupéfiant et inacceptable qu'ils ne soient toujours pas utilisés pour sauver le plus grand nombre de vies possible. »

L’OMS fait état des graves conséquences de la pandémie de Covid-19 sur les activités de lutte contre la tuberculose, tout en révélant la forte baisse du nombre de personnes diagnostiquées. Outre la nécessité de rattraper le retard pour maintenir la continuité des services existants de lutte contre cette maladie, l’OMS invite les pays à adopter et à mettre en œuvre de meilleures politiques et pratiques de dépistage en matière de lutte contre la tuberculose.

A l'heure actuelle, les pays ne parviennent toujours pas à mettre en place des politiques de dépistage actualisées qui permettraient d'atteindre près de 3 millions de personnes qui n'ont toujours pas été dépistées. Comme le souligne le rapport, 85 % des pays interrogés n'utilisent toujours pas le test de dépistage urinaire pour le diagnostic de routine de la tuberculose chez les personnes séropositives, comme le recommande l'OMS.

« En tant que cliniciens travaillant en première ligne dans la lutte contre la tuberculose, il est affligeant de constater combien l’adoption de ce test par les programmes de traitement nationaux est lent, malgré leur rôle avéré pour sauver la vie des personnes séropositives, dit le Dr Patrick Mangochi, coordinateur médical adjoint de MSF au Malawi. Les pays doivent intensifier l'utilisation de ce dépistage de la tuberculose via la présence d’antigènes. Cela doit être une composante essentielle des activités de dépistage, sinon les retards dans le diagnostic des personnes atteintes de tuberculose et dans le démarrage du traitement continueront à à manquer aux personnes séropositives atteintes de tuberculose. »

La tuberculose reste la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde, avec plus de 10 millions de personnes infectées et 1,4 million de personnes qui meurent de cette maladie en 2019. Il est urgent de mettre en œuvre les protocoles de l'OMS pour limiter le risque de transmission du Covid-19 sans interruption de traitement, notamment en adaptant le parcours de soin habituel (moins de visites dans les structures de santé, mais un suivi à distance). Les pays doivent prendre des mesures immédiates pour mettre en œuvre des politiques de lutte contre la tuberculose centrées sur les patients, y compris en mettant en place une prise en charge et un suivi directement dans les structures sanitaires locales. En outre, les programmes nationaux de traitement doivent donner la priorité à l'utilisation de traitements oraux pour les personnes atteintes de tuberculose pharmacorésistante (TB-R), traitements qui n’incluent plus les anciens médicaments toxiques qui nécessitent des injections et qui provoquent de graves effets secondaires. Le rapport constate que seuls 22 % des pays étudiés autorisent le démarrage et le suivi du traitement de la tuberculose dans une structure de santé primaire et une prise de médicament à domicile, au lieu d’une prise en charge à l’hôpital par exemple. Par ailleurs, 39 % d’entre eux n'utilisent pas le nouveau traitement uniquement oral, plus court. 28 % des pays étudiés utilisent encore des médicaments injectables pour traiter les enfants atteints de tuberculose multirésistante.

« J'ai vécu un parcours de soin très pénible en étant traitée avec des médicaments aux effets secondaires affreux, et j'ai perdu un de mes poumons, déclare Meera Yadav, une survivante de la tuberculose ultrarésistante (XDR-TB) à Bombay, en Inde. Finalement, en 2016, j'ai pu avoir accès à des médicaments plus récents contre la tuberculose, et ce traitement m'a sauvé la vie. Je ne veux pas que quelqu'un d'autre ait à passer par cette épreuve. Grâce aux nouveaux médicaments, il est maintenant possible de donner aux gens un traitement tout en un qui fonctionne pour les guérir. Les personnes atteintes de tuberculose doivent avoir accès à ces innovations, surtout aujourd’hui, car s’ajoute la peur de contracter le Covid-19 lors d’une visite dans un centres médical. »

 

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Etienne Lhermitte Media Officer, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
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En 1999, MSF se voit attribuer le prix Nobel de la Paix.