Nigeria : l'État de Zamfara en proie à une crise humanitaire tandis que la violence s'intensifie

Nigeria : l'État de Zamfara en proie à une crise humanitaire tandis que la violence s'intensifie

Abuja/Genève 7 juin 2021 – La montée de la violence dans l'État de Zamfara, au nord-ouest du Nigeria, provoque une crise humanitaire, avertit l'organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF). MSF appelle à une réponse humanitaire urgente pour les populations de la région, qui manquent cruellement de nourriture, d'eau potable, d'abris, de protection et de services de base, y compris des soins de santé.

« Nos équipes dans l'État de Zamfara ont été témoins d'une augmentation alarmante des maladies évitables associées au manque de nourriture, d'eau potable, d'abris et de vaccinations », a déclaré le Dr Godwin Emudanohwo de MSF, s'exprimant depuis l'hôpital soutenu par MSF dans la ville d'Anka. « Les enfants continuent d'arriver ici dans un très mauvais état. Au cours des quatre premiers mois de 2021, nos équipes à Anka, Zurmi et Shinkafi ont soigné 10 300 enfants contre la malnutrition aiguë sévère, la rougeole, le paludisme, les diarrhées aqueuses et les infections respiratoires. C'est 50 % de plus qu'à cette même période de l'année dernière.

Ce qui a commencé comme des affrontements occasionnels entre agriculteurs et éleveurs en discorde pour des ressources en terres et en eau de plus en plus rares, s'est maintenant transformé en une violence aléatoire généralisée de la part de groupes armés, qui utilisent les enlèvements et le pillage comme source de revenus.

La plupart des personnes qui arrivent dans les centres de santé de MSF disent que la recrudescence de la violence les a poussés à fuir leurs maisons, leurs fermes et leurs pâturages. Certains ont cherché protection dans les grandes villes comme Anka, où ils s'abritent dans des camps, à la fois formels et informels. Selon les équipes MSF, les conditions de vie dans ces camps sont désastreuses, sans distribution régulière de nourriture, sans installation d’eau ou d’assainissement suffisant ni abris appropriés. D'autres sont restés dans des villages, trop effrayés pour voyager sur des routes peu sûres et retardant leurs déplacements pour trouver l'accès aux soins de santé et aux besoins de base.

« Il n'y a presque pas de nourriture »

« Il n'y a pratiquement pas de nourriture à donner à mes enfants », explique Halima, dont deux des enfants sont traités contre la malnutrition aiguë sévère par MSF à l'hôpital général d'Anka. « Nous ne pouvons plus cultiver parce que des criminels attaquent nos fermes. Deux de mes enfants ont attrapé la rougeole et ils maigrissaient beaucoup. Les routes sont très dangereuses mais j'ai dû risquer nos vies pour les emmener à l'hôpital. La dernière fois, lorsque leur sœur aînée a contracté la rougeole, j'ai décidé trop tard de prendre la route et de l'emmener à l'hôpital. Elle a eu des complications et maintenant elle est aveugle. »

En février 2021, plus de 124 000 personnes déplacées vivaient dans l'État de Zamfara, selon l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), soit une augmentation de plus de 12 000 depuis août 2020. Rien que dans la ville d'Anka, les équipes MSF ont dénombré plus de 14 000 personnes déplacées, avec environ 1 599 d’entre elles arrivées au cours des quatre derniers mois.

« Nous avons dû fuir nos pâturages et la plupart de notre bétail a été volé », raconte Nana, qui s'abrite dans un camp de déplacés aux abords d'Anka. « Maintenant, nous avons très peu à manger. Je gagne ma vie en vendant du lait de vache à la population locale.

Les 150 lits du service pédiatrique de MSF à l'hôpital d'Anka sont déjà occupés, mais le personnel craint que le pire soit encore à venir. « Nous sommes actuellement en train de dépasser notre capacité en lits à l'hôpital d'Anka », explique le Dr Emudanohwo. « Les familles nous disent qu'elles ne pourront pas cultiver pour la nouvelle saison, ce qui signifie un nouveau cycle de famine. Et la saison des pluies, pendant laquelle le paludisme et d'autres maladies saisonnières augmentent, n'a pas encore commencé. Les gens ici ont besoin de nourriture, d'eau potable et de vaccins maintenant. »

Augmentation des enlèvements et des violences sexuelles

Alors que la violence monte en flèche, les enlèvements, meurtres, vols à main armée et les violences sexuelles se sont multipliés.

« De janvier à avril, nos équipes à Zamfara ont reçu plus de 100 survivants de violences sexuelles », explique le Dr Noble Nma, responsable des activités médicales de MSF à Shinkafi, où MSF gère une clinique pour les survivants de violences sexuelles. « Des femmes et parfois des hommes sont enlevés par des hommes armés et soumis à des violences pendant quelques semaines avant d'être renvoyés dans leur communauté. Cela s'ajoute à la violence à laquelle sont confrontées les femmes au sein de la communauté elle-même.

La peur de voyager sur des routes dangereuses signifie que les victimes de viol demandent souvent de l'aide tardivement, voire pas du tout. « Les survivants ont peur de prendre la route, ils arrivent donc généralement trop tard dans nos cliniques pour prévenir les infections sexuellement transmissibles, souffrent de graves traumatismes mentaux et ont désespérément besoin de protection », explique le Dr Nma. « Ils nous disent qu'il y a plus de survivants qui ont peur de voyager ici, alors nous craignons de ne voir que la pointe de l'iceberg. »

MSF est l'une des rares organisations humanitaires à travailler dans l'État de Zamfara. Ce n'est pas la première fois que MSF tire la sonnette d'alarme sur le besoin urgent d'une aide humanitaire et d’une protection accrue dans la région.

« Nos équipes ont constaté la vitesse à laquelle la situation dans l'État de Zamfara s'est détériorée », explique Froukje Pelsma, chef de mission MSF au Nigeria. « La vie des habitants du nord-ouest du Nigéria est désormais dominée par la faim, les abus et les maladies évitables. Ce qui se passe ici est une urgence humanitaire qui nécessite une attention particulière et une réponse appropriée et rapide pour protéger la vie des communautés. Les autorités et toutes les parties prenantes concernées doivent assumer leurs responsabilités vis-à-vis de la population touchée. »

 

MSF travaille dans l'État de Zamfara, au nord-ouest du Nigeria, depuis 2010. À Anka, MSF gère un service pédiatrique de 150 lits à l'hôpital général d'Anka, fournit des soins de santé primaires dans le plus grand camp de déplacés de la ville et gère des cliniques ambulatoires de malnutrition dans la ville d'Anka et ses environs. À Shinkafi, MSF gère un service de malnutrition de 39 lits, une tente d'isolement pour d'autres maladies et une clinique pour les survivants de violences sexuelles, et fournit une capacité d'appoint pour traiter le paludisme. À Zurmi, MSF soutient un centre de nutrition pédiatrique de 30 lits et une clinique pour les victimes de violences sexuelles. Les équipes de MSF fournissent également un soutien en santé mentale dans ces localités.

 Les équipes MSF travaillent actuellement dans 11 États du Nigeria : Borno, Jigawa, Zamfara, Sokoto, Benue, Ebonyi, Kano, Bauchi, Katsina, Kebbi et Rivers. MSF travaille en permanence au Nigeria depuis 1996.

Kontakt
Etienne Lhermitte Media Officer, Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)
Melina Stavrinos Team Media/Events, Médecins Sans Frontières
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Über Médecins Sans Frontières/Ärzte ohne Grenzen (MSF)

MSF ist eine unabhängige medizinische Hilfsorganisation. MSF hilft Menschen in Not, Opfern von Naturkatastrophen sowie von bewaffneten Konflikten - ungeachtet ihrer ethnischen Herkunft, religiösen oder politischen Überzeugung oder ihres Geschlechts.


1999 erhielt MSF den Friedensnobelpreis.

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