Russie : Médecins Sans Frontières porte assistance aux personnes déplacées par le conflit armé en Ukraine

Selon les chiffres de l'ONU, le conflit armé international en Ukraine a forcé plus de 10 millions de personnes à traverser la frontière vers les pays voisins depuis fin février 2022, dont près d'un quart vers la Russie. Les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) en Russie soutiennent les efforts déployés pour fournir des soins médicaux aux personnes déplacées, notamment pour les maladies chroniques, le traitement du VIH, la santé mentale et par le biais d'une permanence médicale téléphonique.

Une grande partie des 2,4 millions de personnes déplacées en Russie par le conflit se trouve dans le sud du pays, notamment dans les régions de Voronezh, Rostov-on-Don et Belgorod. Les équipes de MSF à Voronezh travaillent avec des ONG locales sur les distributions d'articles de secours d'urgence, de nourriture, de produits d'hygiène et autres consommables médicaux.

Depuis mai, MSF s'est associé à des associations pour assurer une permanence téléphonique destinée aux personnes déplacées, afin de répondre à leurs questions de santé et émettree des conseils juridiques sur l'obtention des documents nécessaires pour être éligibles à la gratuité des soins en Russie. 500 personnes souffrant de maladies chroniques et d'autres pathologies, notamment cardiovasculaires, endocrinologiques, neurologiques, oncologiques et orthopédiques ont ainsi pu bénéficier d'un accès au sytème médical.

Le conflit a fait payer un lourd tribut psychologique aux personnes contraintes de fuir leur foyer. En outre, de nombreuses familles ont été déchirées par le conflit, se retrouvant de part et d'autre de la ligne de front et ne se parlant souvent plus. Au vu des besoins en matière de santé mentale, des niveaux élevés d'anxiété, de détresse, de troubles du sommeil, d'attaques de panique, de troubles psychosomatiques et de dépression, les équipes MSF proposent des séances de soutien psychologique.

"En tant qu'organisation humanitaire médicale, nous nous engageons à travailler aux côtés des systèmes existants pour répondre aux besoins humanitaires médicaux des populations touchées par le conflit et nous cherchons à étendre notre soutien au Donbass et aux territoires contrôlés par la Russie", explique Nicolas Peissel, responsable des urgences de MSF.

À Saint-Pétersbourg et à Moscou, l'organisation humanitaire a renforcé ses activités au cours des derniers mois pour s'associer à des organisations travaillant au contact de personnes déplacées vivant avec le VIH afin d'assurer leur approvisionnement en traitements antirétroviraux malgré le conflit.

Natalya [nom d'emprunt], 41 ans, s'est rendue auprès de l'unité médicale de l'ONG russe Humanitarian Action à Saint-Pétersbourg - l'une des organisations avec lesquelles MSF travaille - pour récupérer ses antirétroviraux. Ancienne agente de santé dans un centre de prise en charge de patients souffrant de lésions de la colonne vertébrale à Slavyansk, dans l'est de l'Ukraine. Dans un premier temps, elle s'est dirigée vers l'ouest de l'Ukraine, puis en en Pologne accompagnée d'un patient dont elle s'occupait avant le conflit, un jeune homme paralysé suite à une blessure à la colonne vertébrale. "C'était bien en Pologne, dit-elle, mais nous étions très nombreux logés dans un seul et grand hall. Au regard de ses besoins en matière d'hygiène, c'était très difficile à vivre". Elle a finalement trouvé un point d'attache en Russie afin de pouvoir bénéficier du soutien du père du patient vivant à Saint-Pétersbourg.

Natalya a été testée séropositive au début de l'année, se sentant mal et ayant observé une éruption cutanée inhabituelle. "Je ne sais même pas comment je l'ai contracté", dit-elle. "Peut-être ai-je été infectée dans le cadre de mon travail, dans un établissement médical". L'organisation caritative Humanitarian Action reçoit le soutien de MSF pour fournir à Natalya et aux autres personnes séropositives un approvisionnement de trois mois en antirétroviraux tout en les aidant à s'intégrer dans le système de santé public. "Je rêve juste que l'année prochaine, au printemps, nous puissions être de retour chez nous à Slavyansk", dit Natalya.