Soudan : aucun endroit, pas même les hôpitaux, n’est épargné par les combats à El Fasher

Plus aucun lieu n’est sûr pour la population civile d’El Fasher (Darfour du Nord) où d’intenses combats sévissent sans interruption depuis plusieurs semaines. Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur les conséquences de cette violence, alors que les patient·e·s et le personnel médical font de plus en plus fréquemment partie des victimes civiles.

L’hôpital Sud, que nous soutenons, a été touché à deux reprises ces derniers jours, ce qui signifie dorénavant que les trois principales structures médicales de la ville ont été endommagées par les affrontements opposant les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de Soutien Rapide (RSF) dans la capitale de l’Etat du Darfour du Nord. Seules deux de ces structures sont encore fonctionnelles.

« Ce qui se déroule sous nos propres yeux à El Fasher est un bain de sang. L’intensité des combats ne laisse aucun répit à la population civile, alors que les hôpitaux sont de plus en plus touchés par les combats, rendant toujours plus ardu le soin des blessé·e·s. Les structures médicales devraient être protégées et les parties belligérantes devraient respecter leur neutralité et leur rôle de sanctuaires pour les personnes malades et blessées », martèle Claire Nicolet, responsable des programmes de MSF au Soudan.

L’hôpital Sud d’El Fasher a été touché pour la première fois le 25 mai, lorsqu’un obus de mortier a atterri sur l’unité prénatale, tuant une personne et en blessant huit autres parmi les patient·e·s et leur famille. Le lendemain, trois personnes supplémentaires ont été blessées par un obus dans l’hôpital, dont l’explosion a brisé les fenêtres de la salle d’accouchement et de l’ambulance. Trois autres obus ont terminé leur course à l’extérieur de l’enceinte.

« L’hôpital Sud est très saturé : c’est le seul capable de gérer des afflux massifs de blessé·e·s, et plus de 1 000 patient·e·s y ont été reçu·e·s depuis l’éruption des combats dans la ville, le 10 mai dernier. Malheureusement, 145 de ces personnes étaient dans un état critique et sont décédées des suites de leurs blessures. Aujourd’hui, l’hôpital se retrouve sur la ligne de front, avec un risque réel d’être mis hors service », avertit Abdifatah Yusuf Ibrahim, coordinateur de projet MSF.

À El Fasher, aucun endroit n’est épargné par les violences de ce conflit. MSF appelle urgemment à la protection de la population civile, du personnel médical et des structures de santé. « Nous exhortons les parties au conflit d’épargner les enceintes médicales et de respecter leur neutralité, ainsi que de respecter leurs obligations de protection vis-à-vis des civils, du personnel médical – qui travaille sous une énorme pression – et des structures de santé », ajoute Claire Nicolet.

Djann Jutzeler Communications Officer, Médecins Sans Frontières

 

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