Sur les routes de la faim : illustrations sur la malnutrition
Nous avons voulu mettre en lumière, à partir du carrefour que représente l'hôpital de Madarounfa, la crise multiforme de la malnutrition qui sévit dans les régions sahéliennes du sud du Niger et du nord-ouest du Nigeria et le combat quotidien des mères.
Histoire 1 : Des routes bloquées
Région de pauvreté chronique et d'insécurité alimentaire, le nord-ouest du Nigeria a été frappé par une escalade de l'insécurité et du banditisme ces dernières années. Les vols, les enlèvements contre rançon, les meurtres et autres violences perturbent également l'agriculture et le commerce, contribuant à pousser encore plus d'enfants dans la malnutrition. Certaines mères choisissent alors de prendre la route du Niger pour soigner leur enfant.
Histoire 2 : Des greniers vides
Dans le sud du Niger, comme dans le reste du Sahel, les stocks s'épuisent de juin à octobre, à l'approche de la prochaine récolte agricole, tandis que les pluies apportent avec elles le paludisme et les moustiques. Ces quelques mois sont chaque année une période critique pour les jeunes enfants. Dans les foyers, les femmes s'entraident, jonglant avec les difficultés qui pèsent sur leur vie quotidienne et sur la santé de leurs enfants, comme le manque d'accès aux soins pédiatriques, l'inflation et les mécanismes socio-économiques qui les maintiennent dans ces situations précaires.
Histoire 3 : Un Oasis médical
Pour les agents de santé de la région, la période de juin à octobre est "le pic". L'hôpital public de Madarounfa, situé au sud du Niger, à la frontière avec le Nigeria, bat son plein pour traiter des dizaines de milliers d'enfants malnutris durant cette période. Nos équipes y travaillent depuis 2005 aux côtés du ministère de la Santé nigérien et ont ouvert un nouveau programme nutritionnel à Katsina, côté nigérian, en 2021. Si des progrès ont été réalisés dans la lutte contre la malnutrition, trop de jeunes patients malnutris continuent d'être admis à l'hôpital dans un état grave et des investissements à long terme sont nécessaires pour améliorer et intensifier les programmes de prévention.